Lokesh s'avance, reconnaissant les lieux, étonné d'y retrouver ce calme familier, cette sérénité qui l'envahit, après tout ce temps à s'être tenu éloigné de l'Egide et ses murs protecteurs.
Cherchant du regard le mur où se tenait un gigantesque panneau de bois, celui destiné aux visiteurs voulant laisser un message aux membes de l'Egide, car il y avait souvent foule et les demandes étant innombrables, il soupira quelque peu devant la longueur de la file devant lui.
- Reprends-toi gros machin, n'oublie pas tes nouveaux préceptes ! Patience et humilité, qu'elle a dit.
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur devant l'attente qui s'annonçait, il repensa à ses amis, ses compagnons, de passage comme éternels, leurs actes, leurs promesses, leurs rires échangés, et surtout, cherchant l'instant de sa vie où il s'était égaré.
Jadis apprenti druide, puis druide à part entière assez rapidement, il se souvient du respect et de la modestie qui étaient propres à ceux qui choissisaient de suivre la voie de Cénarius.
Mais quelque chose avait cloché entretemps. Les rigueurs de leur époque ? Les nécessités de la Horde en terme de combattants farouches et déterminés ? Les nouvelles menaces, contre lesquelles un bouclier ou un ours étaient plus vitaux qu'une prière de soins, ou d'un sort de rétablissement ?
Il cherchait en vain la réponse, déplorant que les druides n'étaient, pour beaucoup, plus que des tas de griffes et de cros.
Un récent serment lui ayant fait comprendre la pleine mesure de ses errements, c'est souriant qu'il envisagea l'avenir, avec confiance, car il savait désormais où était sa place, et son but réel.
La place s'étant enfin libérée devant lui, il reprit ses esprits, sortit une longue lettre de sa besace, et la punaisa tant bien que mal sur le panneau, espérant secrètement qu'elle serait lue rapidement.
Avec un dernier regard pour cette lettre, porteuse de tant de sentiments, il s'en retourna, d'un pas lourd et lent, mais le coeur rempli d'un amour sans limites, pour tout ce qui était beau en ce monde.
Un curieux qui passait par là, ou peut-être même un espion, lisait les messages les plus intéressants, lors que ses yeux s'attardèrent sur la lettre de Lokesh :
Très chers membres de l'Egide,
Avant tout, je tenais à saluer Pyrrax et Fredles pour leur venue d'hier soir, qui m'a réchauffée le coeur, avec une mention spéciale à ce chaman efficace qui est des vôtres, pour ce beau combat et cette leçon non moins belle qu'il m'a apprise.
J'ai erré de par tout Azeroth en compagnie de certains d'entre vous, plus ou moins jeunes à l'époque, pour vous quitter ensuite. Les raisons de ce départ n'étant pas flatteuses pour un certain chaman qui vous a ensuite quitté, je les tairai donc.
Depuis, j'ai pu certes me reposer, loin des aventures palpitantes que nous vivions ensemble, en terme d'exploration comme d'embuscades, ou de discussions.
Makkar m'a rendu hier un fier service, et après s'être ouvert quelque peu, il m'a fait partager son malaise quant à mes actes envers vous, ma désertion rapide et malpolie, car il était absent à l'époque.
Je dois bien avouer que ce qu'il ressent à ce sujet, j'étais loin de m'en douter.
Cette petite lettre est donc ici pour deux choses, la première étant pour vous présenter sincèrement mes excuses, la voie du combat farouche m'ayant surement fait oublier les principes de base de la vie en communauté, me transformant en bête immonde.
Le second but de cette lettre est de vous demander de reconsidérer ma présence parmi vous, celle d'un nouveau druide, d'un autre Lokesh, plus serein, plus respectueux, plus... Druide. Je ne veux plus être éloigné de vous, pas plus que je ne veux, et ce point est capital, redevenir une bête sanguinaire.
Acceptez, Egidiens, quoi qu'il en soit, les excuses d'un Tauren sur ses erreurs passées, et ses voeux de bonheur vous concernant.